Description de l'œuvre
Inexorablement depuis sa formation il y a plus de 4 milliards d’années, la lune s’éloigne de la Terre. La force d’attraction gravitationnelle qu’elle exerce sur notre planète et le soulèvement des mers que cela implique, serait à l’origine du phénomène. Une tige composée d’un alliage de titane, d’aluminium et de vanadium, matériau de référence en construction aérospatiale, est coupée en sections de 38 mm puis usinée selon un ensemble de cotes précises. Les cylindres obtenus sont alors définis comme étalons de la magnitude de l’éloignement lunaire annuel.
À propos de l'artiste
PAUL DUNCOMBEVit et travaille à Caen et Paris (FR)
Né en 1987 à Caen (FR)
BIOGRAPHIE
À travers une réflexion singulière portée sur les interactions entre les êtres humains et la nature, Paul Duncombe - lauréat du prix COAL art et environnement en 2020 - explore les différentes échelles du paysage. Ses recherches successives sur les banquises du Labrador, les tempêtes en mer Celtique, les forêts boréales, ou encore les terres irradiées de Fukushima, visent les mécanismes contingents qui lient ces vastes territoires avec les créatures qui s’y développent. À partir d’un travail d’exploration in situ puis de séries d’expérimentations méthodiques conduites en atelier ou en laboratoire, ses projets mettent en relation la simplicité apparente des oeuvres de la nature avec la technicité croissante des sociétés modernes.
Du simple geste aux installations monumentales les plus complexes, entre performances, sculptures minimales et interventions sur site, son travail traverse les frontières et les disciplines. Que ce soit pour l’organisation d’une expédition dans un cratère de météorite (Manicouagan, 2021), pour une collaboration avec les plongeurs d’Under the Pole (Tapemoana, 2021), ou pour la production d’une oeuvre électronique expérimentale avec le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds (Nova Stella, 2018), ses recherches l’ont mené à travailler avec des spécialistes de tous horizons : biologistes, géologues ou astrophysiciens, multipliant ainsi les points de vue et les expériences.
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2014, Paul Duncombe développe et expose ses créations en France et à l’étranger : Prix Coal (UICN, 2021), Biennale Némo (Le 104, Paris, 2021 & 2019), Festival ]interstice[ (Caen, 2019 & 2018), Unicorn Center for Art (Beijing, 2018), Salon de Montrouge (Paris, 2018), Palais de Tokyo (Paris, 2017), Jeune Création (Galerie Thaddaeus Ropac, Paris, 2016), Avatar (Coopérative Méduse, Québec, 2015), Kyoto Art Center (Kyoto, 2012).
DÉMARCHE ARTISTIQUE
De la graine à la forêt, de l’océan à la goutte d’eau ou du désert au grain de poussière, je m’intéresse aux relations entre les éléments infiniment petits, les horizons lointains et les corps qui les habitent. À la recherche de ces liens complexes qui agencent entre elles les multiples réalités animales, végétales et minérales, j’examine les forces de la nature agissant depuis toujours sur les êtres vivants et les matières qui les enveloppent: temps, gravité, pression, frottements, manifestations éphémères ou variations progressives, je m’attache alors aux énergies universelles à la source des différents reliefs de notre monde, des objets qui le composent et des créatures qui le peuplent.
Dans mon travail considéré dans son ensemble, au-delà de l’interprétation artistique de ces phénomènes physiques singuliers ou de la simple étude des formes transitoires qui en sont l’expression dans la nature, j’expose un point de vue plus général sur l’idée de paysage perçu comme la synthèse d’une série d’évènements contingents: rayonnement cosmique, mouvement de l’atmosphère, vent, chute d’un arbre, croissance d’un brin d’herbe, survol d’un insecte, oscillation d’un atome... Au terme de cette exploration, l’ensemble de la nature et des phénomènes qui l’animent peuvent alors être réduits aux trajectoires aléatoires de quelques particules, qui au hasard de leur long voyage donneront un instant au monde toutes ses formes et ses mesures.
Cette réflexion prend ses origines dans l’observation des mécanismes de transformation du paysage et dans la reconnaissance des empreintes laissées par l’Homme durant ce processus. En résistant ou en composant avec l’inéluctable déroulement du cours des choses, je questionne aussi le geste artistique, envisagé ici comme une perturbation vaine mais sublime de cet écoulement. Les découvertes inattendues ponctuant cette démarche sont examinées avec intérêt puis développées dans des réalisations plastiques où j’oppose le plus souvent l’effort de production et la matérialité du résultat.