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À la rencontre de Samuel Martin

Juste avant que l’on nous reconfine pour la troisième fois, l'équipe de VOAR a eu le temps de s’inviter au finissage de la très belle exposition de Samuel Martin : " I'll be your mirror " à la galerie L’Œil Histrion dont la ligne est brillamment affûtée depuis plusieurs années par Jean-Michel Pinchon.

Nous y avons rencontré un artiste doté d’une très belle énergie, qui nous a fait voyager dans son univers le temps d’un verre de vin (à 17h certes, mais c’était le premier partagé à l’occasion d’une exposition depuis des mois et ça nous manquait !).

Photo : Vue d'ensemble de l'exposition " I'll be your mirror ", 2021

À la rencontre de / Samuel Martin à la Galerie L’Œil Histrion

Samuel Martin vit et travaille à Pont-Audemer, une charmante ville de l’Eure que l’on nomme souvent " La Venise Normande ", ce qui est assez drôle puisque l’aura des grands maîtres italiens se fait ressentir au sein même de sa pratique du dessin.

Sa technique du fusain est impressionnante de maîtrise, les modelés sont fondus subtilement, les lignes sont élégantes, les noirs sont profonds. Tout oscille entre douceur et étrangeté dans un clair-obscur tellement affirmé que Samuel Martin nous sort du classicisme habituel pour réinventer les codes du figuratif en noir et blanc. Les personnages de ses scènes sont parfois masqués, parfois à visages découverts. C’est assurément un travail sur le corps, sur ses transformations et ses évolutions dans l’imagerie populaire au fil des années.

Dans sa série " Yes Future ",  il représente des hommes et des femmes dénudés et souriants dans des décors apocalyptiques faits de maisons et de voitures en proie aux flammes. Le contraste entre la violence des arrières plans et l’insouciance visible des figures au premier plan, participe à l’impression de décadence maîtrisée.

Dystopia 5 de Samuel Martin, fusain sur papier, 2018
Dystopia 5. Samuel Martin. Fusain sur papier, 2018.

Pour composer cette série, il s’est inspiré de certains catalogues des années 70 où l’on peut voir des personnages à la nudité décomplexée dans des décors improbables. Ainsi il soustrait des figures d’un autre temps à une quelconque forme de réalité et réussit à faire émerger un sentiment profond de nostalgie et de tendresse.

Mais l’apparente fixité des images n’est qu’une illusion car plus l’on se rapproche du format, plus les corps semblent animés d’une pulsation de vie, comme dans la série " JK " ou l’on pourrait presque sentir les battements de cœur ou le flux sanguin de l’homme et de la femme enlacés. C'est sûrement grâce au fait que l'artiste invite aussi des modèles vivants à l'atelier pour composer ses images. Il donne une grande liberté de mouvement et de pose aux modèles, travaille patiemment ses éclairages, procède à des superpositions mentales et c’est justement ce sens du détail qui fait sens dans les œuvres de Samuel Martin.

Les habits sont souvent les mêmes d’images en images, des " accessoires présents dans l’atelier comme les masques ou les tissus " relient les dessins entre eux, comme dans les séries " Anna " et " Elli ". Ces objets récurrents fabriquent un scénario. Les cadrages sont souvent des plans rapprochés ou des plans " taille ". Mais ses images vont au delà du pur aspect " cinématographique " tant les assemblages convergent vers l’esthétique de certaines séries d’horreur très en vogue actuellement. C’est ce qui place son approche dans une figuration extrêmement actuelle.

Pas besoin d’être un expert en art contemporain pour saisir toute la force narrative se dégageant des œuvres de Samuel Martin. Elles s’inscrivent dans un retour au figuratif flamboyant, qui tord la réalité, qui entraîne dans une dimension où la fiction est découpée, où la nuit se fait tranchante et bizarre mais sans jamais provoquer ni angoisse ni peur. Ainsi, l’univers de Samuel Martin relève d’avantage de l’étrange que de l’effrayant.

 

L'équipe de VOAR est donc très fière d’accueillir le travail de Samuel Martin. C’est un artiste qui a été représenté par une galerie parisienne pendant plusieurs années et dont les œuvres font partie de collections publiques comme celle du FRAC Normandie ou du FRAC Limousin.

Nous vous conseillons également de visiter régulièrement les expositions de la galerie L’Œil Histrion, située proche de la gare de Caen (3 rue Saint-Michel). Le galeriste Jean-Michel Pinchon y propose toujours des pièces choisies avec intelligence et savoir-faire, tout en maintenant sa ligne rock et rebelle.
 


Galerie L'Œil Histrion
Art Contemporain

3 rue Saint Michel, 14000 Caen
Ouvert du mardi au samedi de 15h à 19h et sur rendez-vous.
oeilhistrion.com