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La couleur au cœur de la liberté / Interview d'Émile Orange

Émile Orange développe sa pratique artistique depuis 2012. Il s'exprime notamment à travers la peinture, avec laquelle il prend plaisir à utiliser un lexique pictural notamment influencé par la photographie, le cinéma et le désir de narration.

Prenant la forme de série témoignant d’un rapport sensible à des questionnements générationnels, le travail d'Émile Orange est animé par la couleur qui occupe un espace prépondérant dans sa démarche artistique.

Photo : Émile Orange dans son atelier.


ENTRETIEN / Émile Orange


VOAR : Comment choisis-tu les sujets de tes images ?

Émile Orange : Les sujets sont assez variés dans mon travail mais en prenant un peu de recul, quelques grands thèmes reviennent assidûment. Je prends régulièrement des photos de mon quotidien. Je reste à l’affût de moments que je considère comme poétiques : une luminosité, un geste, une situation. Ce qui me plaît dans une image c’est également les questionnements qu’elle peut véhiculer, la résonance qu’elle peut avoir avec l’actualité mais aussi avec l’histoire de la peinture.

En ce moment les choix de mes sujets tourne autour de l’enfance, plus exactement le rapport au futur ainsi que la possibilité d’osciller entre le monde de l’imaginaire et la réalité, la place de l’Homme face à la nature et à ses constructions, des scènes d’intérieur (attente, confinement, ouverture) et il m’arrive de ponctuer avec des interprétations de peinture qui ont marqué mon parcours (Manet, Millet, Matisse,…).

VOAR : Quelle place a la couleur dans ton travail ?

Émile Orange : La couleur a une place essentielle dans mon travail. C’est dans la couleur que je prends le plus de liberté pour créer, c’est aussi la couleur qui m’emmène au plus proche de ce que je veux exprimer. Pour chaque peinture, je pars avec une idée du résultat final mais le travail de la couleur m’amène constamment vers d’autres représentations.

Je prends plaisir à travailler l’atmosphère de mes images. Je suis passé par plusieurs périodes mais très tôt je travaillais déjà avec des couleurs vives, des contrastes de jaune, rouge, orange. Cet attrait est toujours présent mais a évolué, passant par des pigments fluo mais aussi de la peinture acrylique à l’huile. Chaque voyage, chaque année et expérience nourrie ma perception et mon rapport à la couleur.

Je pense que mon nom de famille « ORANGE » a sûrement joué sur mon inconscient mais il n’est pas la raison de mes choix de couleur, pour répondre aux interrogations.

VOAR : Avant d'arriver à ton image finale, quels processus de recherche mets-tu en place ?

Émile Orange : Au début, si on prend le processus au plus large, je passe par ce que chacun d’entre nous fait, c’est-à-dire simplement observer et tenter de comprendre ce qui se passe autour de moi. Apprendre dans quel monde j’évolue, ce qu’on m’a inculqué et ce que je remets en question. Je prends régulièrement des photos de mon quotidien pour saisir des moments de vie. J’ai un intérêt pour l’image en général allant de la culture populaire avec les BD, les films, notamment les « road-movies » et plus récemment la contemplation dans les jeux vidéo. J’ai reçu un enseignement artistique qui m’a permis de découvrir et comprendre l’histoire de l’art, ses mouvements, l’évolution des représentations et des techniques de reproduction.

Je suis, comme une bonne partie des gens de ma génération, sur internet et les médias qui nous proposent un flux d’image que chacun alimente. Tout cela influe sur mon processus de recherche et constitue une imagerie personnelle. Le support que j’utilise principalement, la toile tendue sur châssis, implique la création du cadre, le choix de la toile et surtout du format. Vient ensuite le choix de l’image que je projette sur la toile pour rester au plus proche des proportions.

Pour finir et arriver à mon image finale, le travail de la peinture et de la couleur est le plus long et le plus complexe. Je suis en constante réflexion sur le choix du geste, de l’intention, de la touche de lumière à poser sur la toile. Je produis en moyenne une peinture par mois.

VOAR : Pour toi qu'est-ce que signifie "être artiste" aujourd'hui ?

Émile Orange : Il existe énormément de manière d’être artiste et autant de signification. C’est difficile de trouver ce que signifie être artiste, par contre, je pense qu’il est bon de ne pas avoir peur de l’être ou de s’y essayer.

Je pense qu’il s’agit de m’exprimer en résonance avec ma sensibilité, mes questionnements et de transmettre tout cela à l’autre en utilisant la ou les formes les plus adéquates. Je trouve du plaisir et de la satisfaction à créer quelque chose de mes mains et que cela vienne parler à celui qui la regarde et s’inscrire dans une histoire plus grande.

VOAR : As-tu un rêve artistique ou un projet que tu as toujours voulu réaliser sans en avoir eu l'occasion ?

Émile Orange : Une exposition. Je n’ai pas de rêve artistique, j’ai des projets et des envies qui se réaliseront petit à petit et quand la situation le permettra. J’ai trouvé un équilibre dans ma production et ma qualité de vie pour l’instant. J’ai le projet de partir plusieurs mois en voyage pour me nourrir un maximum de ce que le monde a à offrir et, je pense qu’artistiquement cela aura un impact conséquent sur ma peinture et ma manière de faire de l’art.