Prendre de belles photos de ses œuvres


Il est primordial de présenter des images de qualité de ses œuvres d’art, surtout quand il s’agit de présenter son travail sur les réseaux sociaux ou de les vendre en ligne.
Cependant, photographier une peinture, un dessin ou une sculpture n’est pas toujours simple. C’est pourquoi nous avons demandé conseil auprès de Justine VIARD, photographe professionnelle, ayant travaillé à l’esam Caen/Cherbourg.

 

Quel appareil de photographie utiliser ? Puis-je utiliser mon téléphone ?

Tous types d’appareils numériques peuvent être utilisés, téléphones portables inclus. Mais dans les deux cas, il faut savoir régler et optimiser leurs capacités.
Prenez le temps d’installer votre espace de prise de vue, et n'oubliez pas de stabiliser votre matériel afin d’éviter les flous de mouvement.
 

Quel éclairage utiliser pour mettre en valeur une œuvre ?

Bien entendu, un éclairage neutre et uniforme est à privilégier.
Avant toute chose, il faut éviter les ombres portées, mais aussi la multiplication de sources lumineuses (lumière du jour, néon, tungstène, flash, etc). En effet, chaque éclairage produit une température de couleur différente allant du jaune au bleu. Plus ces variantes sont présentes dans une même image, plus il est complexe de les neutraliser afin d’avoir une colorimétrie d’image la plus juste possible.

Conseil d’expert :
Le mieux, si vous le pouvez, est d’utiliser des ampoules ayant une température de couleur de 6500 kelvins, c’est-à-dire une température froide au plus près de la lumière du jour, qui est très blanche. Vous pouvez facilement vous en procurer dans les magasins de bricolage.
 


De façon générale, il est préférable de ne pas utiliser le flash car il risque d’aplatir l’image et/ou les objets qui y figurent, de renvoyer des ombres, de faire réfléchir les surfaces lisses et de n’éclairer qu’une partie du sujet.

Après avoir choisi votre source d’éclairage, il vous faudra effectuer la balance des blancs : indiquer à votre appareil ce qui est pour vous le blanc de référence. Le plus simple est de photographier une feuille blanche (ou mieux, une charte de blancs) à l’endroit où vous vous apprêtez à placer votre œuvre, et ensuite d’enregistrer celle-ci en tant que base pour la série de clichés de la même œuvre. Vous trouverez ce réglage dans la plupart des appareils numériques.

Si vous photographiez avec un téléphone portable et que celui-ci ne présente pas les options évoquées ci-dessus, vous pourrez normalement régler manuellement la "teinte", c’est-à-dire trouver le point le plus neutre entre une dominante rouge ou verte, et faire de même avec la "chaleur" de l’image, entre le bleu et le jaune. Ces réglages se font généralement après la prise de vue et non en amont.
 

Quel fond est à privilégier ?

Si un fond doit être visible sur vos images, privilégiez un fond neutre. Le blanc sera généralement le plus à même de faire honneur à vos pièces. Un gris 50% ou un noir peuvent également faire l’affaire.
Mais dans le but de photographier votre œuvre pour la vente, vos futurs acheteurs auront probablement moins de mal à imaginer vos pièces sur leurs murs clairs que sur leurs murs plus rarement noir ou prune (Valérie Damidot n’a pas fait des ravages partout espérons).

Une fois ces réglages effectués, vous pouvez commencer à travailler les prises de vues. Munissez-vous d’un trépied, ou veillez à caler votre appareil afin qu’il ne bouge plus et puisse si besoin effectuer des poses longues. Pour les téléphones portables, une perche à selfie peut aussi faire l’affaire.
 

Les réglages de l’appareil

Si vous utilisez un matériel fonctionnant en manuel, vous pouvez le régler sur :

  • 100 ISO, plus précis mais pose plus longue d’où l’utilité d’un trépied. Plus la valeur de la sensibilité ISO est basse, meilleure sera la qualité ;
  • régler le diaphragme sur 11 ou 14. En dessous de ces valeurs, vous perdrez de la netteté, au-dessus vous augmentez le temps de pose inutilement ;
  • enfin, adaptez le temps de pose aux deux éléments précédents.

Si votre appareil ne présente pas ces options, faites vos photos à partir des réglages standards proposés. Des modifications seront réalisables en post prise de vue dans le module de retouche intégré.
 

Étape suivante, le cadrage !

Si vous pouvez afficher un quadrillage sur votre écran de prise de vue, cela peut vous aider à garder l’homothétie (les proportions) de votre pièce.
Il est également préférable de privilégier un plan paysage pour une pièce horizontale et un plan portrait pour une pièce verticale. Certes, vous pourrez toujours recadrer plus tard, mais plus vous irez zoomer dans votre image après coup, plus vous perdrez en qualité. Aussi n’oubliez pas de passer en mode macro si vous photographiez de petites pièces.

Faites votre mise au point, et vous pouvez enfin réaliser votre image !
 

Photographier en fonction du médium

Pour photographier un dessin :

Il est préférable de l’accrocher au mur avec des attaches discrètes et de le tendre au maximum afin d’éviter les ombres. Préférez un éclairage très symétrique par rapport à la feuille afin d’éviter les ombres. Enfin, posez votre appareil le plus symétriquement possible au dessin afin qu’il ne soit pas déformé.

Pour photographier une sculpture : 

Veillez à poser votre sculpture sur un support et un fond neutre. Évitez la table en chêne et le carrelage de la cuisine, à moins que cela ne soit une installation. La reproduction d’œuvre d’art doit donner directement à voir la pièce sans que d’autres éléments ne fassent d’interférences et n’en changent éventuellement le sens.

La lumière n’a pas à être aussi équilibrée que pour une œuvre en 2 dimensions, au contraire, il ne faut pas écraser la pièce mais montrer ses volumes, les ombres portées peuvent donc aider à cela. Une source d’éclairage direct avec un réflecteur en face, pour ne pas éteindre une partie de l’œuvre, sera de meilleur effet.

À ce sujet, il n’est pas nécessaire de vous ruiner dans l’achat d’un réflecteur. En effet, une surface réfléchissante blanche, tel qu’un miroir ou encore un carton recouvert d’une couverture de survie ou de papier d’aluminium feront, selon l’effet recherché, très bien l’affaire.

Enfin concernant l’angle, faites tourner la pièce sur elle-même et recherchez les plans les plus intéressants, la hauteur de prise de vue, etc. Faites attention à ne pas écraser l’œuvre : jouez des formes, contre formes et vides pour montrer le volume. Plusieurs images sont souvent nécessaires pour donner une idée juste et la plus réaliste d’une sculpture.

   
Créez un studio photo avec le strict minimum !

 
À gauche : bonne photo, à droite : mauvaise photo.
 

Pour les œuvres présentant des aspects brillants :

Il est préférable de ne pas orienter directement la lumière sur la pièce afin d’éviter tout reflet.

Pour l’ensemble de ces pièces, il vous faudra un plan général mais n’oubliez pas de photographier les détails et matières qui vous sembleraient intéressants. De même que la signature et la numérotation peuvent aussi faire partie de ces images de « présentation ».


 

La retouche photo

Une fois la prise de vue terminée, vous pouvez retoucher vos photos grâce aux applications et logiciels de retouche numérique disponibles sur vos téléphones ou ordinateurs.
Il faut néanmoins savoir, qu’une prise de vue bien préparée et réalisée tiendra toujours mieux qu’une photographie médiocre retouchée. C’est pourquoi, il est fortement conseillé de passer plus de temps sur la préparation que sur la retouche.

Certains outils sont très pratiques pour ajuster vos photos, mais il ne s’agit là que d’ajustements : vous ne pourrez pas rattraper ce qui n’a pas été fait en amont !
Comme vu précédemment, vous pouvez améliorer la balance des blancs ou l’exposition, pour une image trop claire ou trop sombre, ou modifier les contrastes si l’image est trop douce, et éventuellement la saturation si les couleurs sont trop fades.
Tous ces outils sont à utiliser avec parcimonie, le but étant que la photographie se rapproche au mieux de votre œuvre, elle se doit d’être objective !

N’oubliez pas de nommer correctement vos photos, en y intégrant le nom de l’œuvre par exemple.
Pour une diffusion destinée à l’impression, pensez à passer vos photographies en mode CMJN, avec une résolution de 300 dpi.
Et si vous souhaitez diffuser sur des supports numériques (site web, réseaux sociaux), réduisez vos images en 72dpi et utilisez le mode RVB. Mais attention, il ne sera pas possible d’augmenter la qualité initiale.
 

Les pièges à éviter

Faites attention à bien nettoyer vos pièces, toute trace de doigt ou de poussière peut être fatale !
Soignez également votre arrière-plan, comme vu précédemment, un fond neutre est toujours mieux mais si vous optez pour autre chose, faites attention à ce que rien ni personne ne vienne perturber votre décor (enfant, cendrier,…).

Conseil d’expert :
Soyez patient et expérimentez vos prises de vues ainsi que vos réglages !