Description de l'œuvre
Ce diptyque Icare/The Falcon met en scène l'ascension et la chute d'Icare dans le ciel de Manhattan, sous les traits du super-héros afro-américain The Falcon. Ses ailes, principal attribut de sa panoplie, permettent de faire l'association avec le mythe d'Icare . Les poses sont reprises des fresques de la chapelle Sixtine de Michel-Ange : «Dieu séparant la lumière des ténèbres» pour « l'Ascension », «La séparation de la terre et des eaux» pour « la Chute ». Tout en réactualisant le mythe d'Icare je revisite l'histoire de l'art à travers l'héroïsme tragique de Michel-Ange.
À propos de l'artiste
MACADAM HEROESDans les décombres du rêve américain
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Rabelais
A l'heure où les super-héros de Marvel et D.C. Comics envahissent les écrans de nos salles obscures et les séries télévisées, j'ai cherché à représenter, à travers eux, ces conflits meurtriers qui endeuillent notre quotidien, et les ravages que nous faisons subir à notre planète.
Mon intérêt pour le Maniérisme du XVIéme siècle et le Romantisme du XIXéme siècle se conjugue, dans cette série, avec la culture populaire. Pour certaines toiles les personnages de bande dessinée prennent la pose de sculptures ou de compositions célèbres. Ces citations mettent en évidence un traitement semblable de la représentation d'une anatomie vêtue. Les maniéristes, tout comme les dessinateurs de super-héros, ajustent les vêtements, tuniques si près du corps qu'ils deviennent une seconde peau aux couleurs éclatantes.
Ces super-héros, issus de l'univers de DC Comics (Aquaman, Flash,Catwoman....) ou de Marvel (Daredevil, The Falcon, Hulk...) se retrouvent confrontés indépendamment de leur monde respectif. Le choix des personnages se porte sur la couleur de leur costume, afin d'obtenir une composition équilibrée et contrastée : chaud/froid, primaire/secondaire. Les arrières plans sont traités en monochrome permettant le jeu et l'opposition des couleurs complémentaires, ce qui met en valeur les personnages en premier plan.
Les toiles de grands formats, ( 210cm x 300cm, 150cm x 210cm) sont peintes au sol à l'aide de larges touches dynamisant la composition. A l'exemple des peintures à fresque je reviens peu, voire pas du tout, sur le premier jet. L'aspect mat de l'acrylique que j'utilise permet un rendu similaire à la fresque. J'ai fait le choix d'une palette restreinte, mettant en opposition les couleurs primaires et secondaires à travers le contraste des couleurs complémentaires.
Je cherche à induire un monde à la fois onirique et inquiétant en traitant la composition en clair-obscur. Je cadre ces compositions au plus prés des personnages, donnant toute l'importance au traitement de l'anatomie. Le décor urbain, fait de décombres et de déchets, contextualise ces citations dans des problématiques contemporaines.
Le choix de transposer des thèmes religieux ou mythologiques dans le monde contemporain dramatise la mise en scène des super-héros. Cette mythologie urbaine n'est pas là pour magnifier le rôle du super-héros dans un monde manichéen, mais pour le mettre dans une posture pour le moins délicate, où nous le voyions se débattre dans les décombres du rêve américain.
Cyrill Perrot