Description de l'œuvre
La série de dessins « Le jardin des souffles m’a été inspirée par la lecture du livre « La vie des plantes » d’Emanuele Coccia dans lequel il est question de voir le monde végétal comme une continuité du vivant, immergée dans un mélange total du vivant « les plantes sont le monde ».
À propos de l'artiste
Voilà des années que Thierry Farcy travaille à développer une histoire. Chaque pièce appelant logiquement la suivante, constituant ainsi un tout à considérer comme un récit.Le plasticien — par le dessin et la sculpture — nous parle du vivant, particulièrement de deux choses qui le caractérisent : sa permanence dans le changement, et la nature semblable des êtres qui le composent dès lors que l’on s’intéresse aux origines. S’il produit des images fixes (en 2D ou en volume), le mouvement parcourt son œuvre. Le dessin lui permet de capturer la fugacité de la mutation par l’usage du flou, de l’imprécision du trait ; transmettant à notre esprit une sensation plus qu’une observation factuelle comme le ferait la photographie. Car signifier un changement d’état, c’est pointer l’essence absolue du vivant : une matière en perpétuelle métamorphose.
La sculpture parle de la même chose différemment. Son aspect moins volatile qu’un coup de crayon, sa nécessité de se confronter à la matière, pousse l’artiste à décortiquer le flou, l’imprécision pour
révéler le mécanisme de transformation. C’est comme si Thierry Farcy s’efforçait de faire la mise au point sur ce flou pour saisir le fonctionnement de la nature qui mute devant ses yeux. Cela se traduit par l’accumulation de traces fictives, éléments qu’il fragmente pour les dissocier et les recomposer autrement. Le vivant, c’est exactement cela : une feuille qui tombe à terre, qui est assimilée pour devenir matière organique ou minérale parmi d’autres corps.
Associés dans une scénographie, dessins et sculptures forment une addition de deux points de vue d’un même sujet et en soulignent ainsi tous ses aspects. On comprend alors pourquoi l’un nourrit
l’autre dans la pratique de l’artiste.
Dès le début de sa recherche plastique, le créateur s’est volontairement fixé des contraintes : limitation des couleurs à la richesse des nuances de gris et utilisation d’une figure redondante — la tête, partie différenciante et commune à tous. S’il déroge parfois à ces règles, l’auteur les considère comme des outils suffisants pour centrer son propos et développer sa pensée. C’est ainsi que se déploient, dans des teintes de gris, noir, ocre, des installations formant des accumulations de visages (identiques de loin, ayant des dissemblances de près), tantôt fragmentés, tantôt ensevelis ou encore facettés. Si une sculpture isolée sur un socle est propice à la contemplation et source d’évasion ; les installations de Thierry Farcy, quant à elles, provoquent une mise en mouvement de l’esprit du spectateur devant considérer l’œuvre, sa composition, son contexte d’implantation et génère une implication physique avec une pièce environnementale.
Le plasticien navigue entre archéologie et biologie, souligne nos origines génétiquement proches ; une façon de nous redonner notre juste place sur cette terre et au sein de l’univers. Aux portes du transhumanisme, il est à penser que l’histoire que nous dessine Thierry Farcy à l’avenir soit révélatrice de nos désirs d’immortalité, d’intemporalité, une autre manière d’appréhender le changement : tenter de le maîtriser.
L’œuvre du créateur est, à dire vrai, un paradoxe, il dit l’immuabilité du changement
Virginie Baro, (galeriste)