Description de l'œuvre

Classification : Dessin
Matériaux : graphite
Dimensions : Petit / Paysage
Hauteur (cm) : 40
Largeur (cm) : 40
Nombre d'exemplaires : Unique
Année de création : 2020

À propos de l'artiste

C'est une re-création sous forme d'extraction / mise en œuvre lente et méticuleuse : il s'agit de présenter la carence et l'inexorable, autant qu'une « hyper-présence » spatiale et chronologique, bien que fragmentaire. Renverser une indéfinissable absence par la multiplication invisible, à l'infini, des signes de présence: il y a quelque chose de mystérieux et de viscéral à déposer, une image à faire advenir parce qu'il m' est nécessaire de la fabriquer d'une part, de la voir pour la regarder, d'autre part.

Mes recherches plastiques s'orientent ainsi depuis toujours vers ces questions essentielles d'un point de vue artistique (donc personnel), voire existentielles, que sont l'identité et l'intimité, voire leur relation même, car elles ne se posent que dans un rapport de soi à l'autre, supposant une relation, une rencontre.

Si la notion d'identité repose sur les caractères et données faisant d'un citoyen une personne unique, elle existe a priori de façon antérieure et extérieure au déroulement d'une vie, liée aux origines familiales, sociales, ou ethniques de chacun (ou de son groupe), entre autres. On la cultive ou l'on s'en délivre, mais on ne décide pas de son identité, même s'il est aujourd'hui possible de la modifier.
L'individu compris comme un être d'intériorité, dans la complexité de sa personnalité, développe une intimité qui fait, viscéralement et psychiquement, sa singularité : cette construction mystérieuse se déroule au fil du temps et de l'histoire personnelle, c’est un fond intérieur en perpétuelle évolution, mouvant et essentiel.

Le corps humain constitue bien le lieu et l'acte du contact, l'espace concret de la coïncidence entre soi et l'extérieur. C' est un entre-deux qui enveloppe autant qu'il développe, masque autant qu'il raconte: étrange et fausse frontière entre le dedans et le dehors, soi et le monde ... point de fusion autant que de division entre l'intérieur et l'extérieur, ou protection de l'un contre l'autre : manifestation première et sujet d'interrogation, peut-être, de l'identité comme de l'intimité... Territoire de mémoire et de sensation,

l' enveloppe du vivant (corporelle ou symbolique : de peau ou «en objets »), Dans mon dessin, il peut ainsi se présenter comme une vaste étendue cartographique, mystérieuse, de la personnalité sous toutes ses formes (anatomique, psychologique, culturelle ou historique).
A l'impossibilité pour mon travail d'envisager le corps dans son entier - dans la mesure où il s'agit aussi de le dire par les voix et voies du manque - s'ajoute la tentation quasi permanente du décadrage, de la rupture d'échelle, de la fragmentation et de la recomposition. Dans les grands dessins à la sanguine en cours, la ligne disparaît dans la « matière », dans une épaisseur et un temps indéterminés et interminables, indéfinis et infinis, mais profondément personnels dans ce qu'ils donnent à voir, comme dans la facture : l'image s'étire et se rétracte sans cesse dans et par le grain et la couleur pour dire au mieux l'individu dans sa singularité comme dans son universalité.

Mon travail opère ainsi (parfois jusqu'au vertige dans l'exécution) un incessant va-et-vient entre la réalité du modèle et du monde et sa mise à distance. En perpétuelle tension, qu'il la suscite ou la cherche, il se construit dans sa confrontation avec la matière autant qu'à l'image: peut-être veut-il à susciter une forme d'émotion qui serait à la fois visuelle et tactile, une sensation qui relèverait de la tendresse autant que de l'effroi ...

Série D - 40x40

par Gisèle BONIN
700€