Description de l'œuvre
Dessin vendu encadré. - En 1787, Elisabeth Vigée-Lebrun, femme artiste, exposait un autoportrait où elle se met en scène tenant dans ses bras sa jeune petite fille. La douceur et la sérénité de la scène est contrariée par la violence d’un geste radical; les visages de la mère et de l’enfant sont brûlés. L’œuvre est détériorée par le feu. Le papier se consume, faisant surgir chez les protagonistes du tableau des expressions à la fois clownesques, fantomatiques et inquiétantes. Le feu, destructeur et dévastateur, est au contraire ici utilisé pour son potentiel créatif; il re-dessine l’œuvre. Il advient ainsi un tiraillement entre disparition et création, qui participe à rendre ambiguë et presque effrayante, la quiétude originelle de la scène. L’âme des personnages semble ressortir, après avoir disparu dans les flammes en 1918, comme si le drame refaisait surface. - En 2013, sur les murs du musée de Bailleul, Luc Hossepied, directeur de La plus petite galerie du monde [OU PRESQUE], découvre 31 cadres dans lesquels sont exposées des descriptions d’inventaire faites en 1879 par le conservateur du musée Édouard Swynghedauw et qu’avait exhumées Laurent Guillaut en étudiant l’histoire et les collections du musée flamand dont il préparait la renaissance. Ces œuvres détruites en mars 1918, lors du bombardement de Bailleul, inspirent à Luc Hossepied une idée « folle ». À l’occasion de la commémoration de la Première Guerre Mondiale il demande à des artistes d’aujourd’hui de réinterpréter un de ces tableaux-fantômes. Novembre 2018, la Piscine de Roubaix, accueille, pour la neuvième et dernière étape, les 91 œuvres contemporaines qui ressuscitent à leur manière le passé.
À propos de l'artiste
La mine absurde, Emilie Breux associe des figures canoniques de l’histoire de l’art (natures mortes, sculptures antiques) à des formes naïves (smiley, dessin d’enfant) pour en offrir une lecture aussi humoristique qu’irrévérencieuse. Le contraste pro- duit entre un travail de fond technique, sinon virtuose, et les manques au premier plan, en creux desquels apparaissent les figures pauvres, donne ici l’impression d’un acte vandale réalisé à l’aide d’un logiciel de retouche, qui déloge la peinture classique de son piédestal. Dans un même temps, l’utilisation du smiley confère également une certaine vitalité à la représentation initiale, en lui donnant l’occasion d’une nouvelle incarnation plus en phase avec le vocabulaire de l’époque. Symboles d’un nouveau langage, fait d’emojis, de pictogrammes et de logos, les titres des œuvres prennent enfin la forme d’émoticônes, accentuant ainsi la tension entre norme picturale et iconographie populaire.-
Florian Gaité
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2004/2007 : BTS design de mode, École supérieur des Arts Appliqués Duperré, Paris
2007/2011 : DNAP et DNSEP, École des Beaux Arts, Caen.