Description de l'œuvre

Classification : Peinture
Matériaux : Huilesurcartonentoilé
Dimensions : Petit / Carré
Hauteur (cm) : 40
Largeur (cm) : 40
Nombre d'exemplaires : Unique
Année de création : 2024

Le tondo, une nouvelle forme de support à expérimenter. Pour moi, le disque enferme, il n’y a pas d’échappatoire, ça tourne, ça gire sans fin sur un retour sur la figure. À partir de la posture du DÉSESPÉRÉ de Courbet, toujours face au miroir, j’ai peint ce buste avec application. Après cette retranscription fidèle du reflet, il y a une force, une joie débordante de se lancer, de se lâcher dans un geste non maîtrisé de recouvrement. Jusqu’où aller, comment? Des aplats translucides au spalter jusqu’à l’utilisation de chiffons et pinceaux secs , le propos est de cacher et laisser voir, de laisser « apparaître cette disparition », ce souffle, cette buée, cette réalité passagère. Le lierre est venu conclure ces superpositions et travailler la profondeur. En référence à la chevelure en paquet de CLOTHO de Claudel, j’ai utilisé cette plante qui s’enroule comme une masse envahissante et cachant. Le lierre acte cette disparition. « Et moi seul seul seul Comme le lierre fané des jardins de banlieue » Jamais d’autre que toi, Alain Bashung

À propos de l'artiste

Partant de la posture de me prendre comme modèle, objet et non sujet, j’utilise depuis vingt-cinq ans ce personnage archétypal dont le reflet est dépossédé de personnalité pour n’être qu’un corps-lieu, une in-carnation. Dans ce dispositif contraignant et répétitif de ce corps bipolaire – modèle et peignant -, je cherche la tension, tension du corps.
Ce corps unique et multiplié m’a servi et me sert à un déploiement de questionnements autour de l’humain et sa place dans l’espace et dans le temps.
Depuis quelques années, je me réfère à la peinture des primitifs flamands et travaille très souvent sur bois et sur fond noir.
Le fond noir me permet de faire émerger la figure, de l’en extraire pour en souligner l’évanescence. Quant au bois, il offre un rendu très lisse, une matière qui disparaît au profit du glacis.
Les glacis comme une inscription en palimpseste illustrent le dépôt du temps sur le corps, la peau. Ce rendu de vieillissement me fascine. (cf. Le portrait de sa mère à 63 ans de Dürer, la Clotho de Camille Claudel, les autoportraits d’Alice Neel et Helen Schjerfbeck)
Le regard incisif des personnages questionne, interpelle et parfois dérange; ce regard, cette frontalité sont dûs à la quête de l’image dans le miroir.
Cette problématique de la vulnérabilité résonne chez les personnes attachées à l’humain, à l’autre, au care. Les amateurs.rices de danse contemporaine sont sensibles à ces corps authentiques dans des poses souvent grotesques, des liens aléatoires, cette accumulation de personnages qui structurent l’espace de la toile.
La taille, la forme disent l’humain. Tout doit se jouer dans une envergure moyenne, à portée de main, à portée de corps. Puisque posant, je peins.

BUÉE

par Agnès Mariller
750€