Description de l'œuvre

Classification : Peinture
Matériaux : huile-sur-toile
Dimensions : Large / Portrait
Hauteur (cm) : 80
Largeur (cm) : 40
Nombre d'exemplaires : Unique
Année de création : 2022

Un dialogue muet et aveugle, une confrontation de deux bustes, l’un de plastique moulé, l’autre moulé de temps. Un corps devenu paysage, fait de vallées et de monts, construit par le vécu, le temps, tandis que l’autre n’est là que pour souligner ce vivant imparfait mais vivant. Le buste de mannequin n’est qu’un faire valoir dérisoire et ironique qui pointe les défauts, les marques du corps devenu palimpseste d’une vie, sur lequel chaque détail peut être corrélé à un épisode. Ce corps-ci est émotion, en mutation constante, une chair à représenter. Les objets soulignent l’écriture de la peau. Et la peinture, au-delà de l’image, est une surface à scruter faite de lavis déposés, une épaisseur de temps. Daté et signé au dos

À propos de l'artiste

Partant de la posture de me prendre comme modèle, objet et non sujet, j’utilise depuis vingt-cinq ans ce personnage archétypal dont le reflet est dépossédé de personnalité pour n’être qu’un corps-lieu, une in-carnation. Dans ce dispositif contraignant et répétitif de ce corps bipolaire – modèle et peignant -, je cherche la tension, tension du corps.
Ce corps unique et multiplié m’a servi et me sert à un déploiement de questionnements autour de l’humain et sa place dans l’espace et dans le temps.
Depuis quelques années, je me réfère à la peinture des primitifs flamands et travaille très souvent sur bois et sur fond noir.
Le fond noir me permet de faire émerger la figure, de l’en extraire pour en souligner l’évanescence. Quant au bois, il offre un rendu très lisse, une matière qui disparaît au profit du glacis.
Les glacis comme une inscription en palimpseste illustrent le dépôt du temps sur le corps, la peau. Ce rendu de vieillissement me fascine. (cf. Le portrait de sa mère à 63 ans de Dürer, la Clotho de Camille Claudel, les autoportraits d’Alice Neel et Helen Schjerfbeck)
Le regard incisif des personnages questionne, interpelle et parfois dérange; ce regard, cette frontalité sont dûs à la quête de l’image dans le miroir.
Cette problématique de la vulnérabilité résonne chez les personnes attachées à l’humain, à l’autre, au care. Les amateurs.rices de danse contemporaine sont sensibles à ces corps authentiques dans des poses souvent grotesques, des liens aléatoires, cette accumulation de personnages qui structurent l’espace de la toile.
La taille, la forme disent l’humain. Tout doit se jouer dans une envergure moyenne, à portée de main, à portée de corps. Puisque posant, je peins.

LE CORPS DU TEMPS 2

par Agnès Mariller
1300€