Description de l'œuvre

Classification : Peinture
Matériaux : peinturhuile, huile-sur-toile
Dimensions : Grand / Paysage
Hauteur (cm) : 230
Largeur (cm) : 300
Longueur (cm) : 3
Nombre d'exemplaires : Unique
Année de création : 2017

La scène se déroule au sein d’un dense jardin boisé. Sur une plateforme, en premier plan, s’érige une animal fossile/sculpture composite. On observe des vestiges d’un ballon dog morcelé. De son intérieur, à forme d’éclosion, des membres fossiles sortent pour articuler la tête d’un grand cerf qui balance une ampoule lumineux. A l’arrière, des pattes fossiles de t-Rex semblent soutenir le bas-ventre de cette structure « boschien » en forme d’œuf qui semble engloutir le ventre du ballon dog. Une chenille géante descend depuis l’arrière-plan. Un homme et une femme soutiennent les pattes anales. Sa peau, aux motifs circulaires, laisse entrevoir des dos et fesses. Un dernier corps, sans tête ni bras, nous suggère la sculpture d’un corps féminin en marbre. La tete de la chenille se présente comme une image double : un visage essaie de mordre l’endroit exact où devrait se trouver le tendon d’Achilles. Au-dessus à gauche il y a une femme assise appuyé sur son genou. Elle regarde la scène avec son visage peint au niveau de ses yeux. Au centre une autre femme, couché sur son dos, lève avec ses mains la tête d’une nouvelle chenille avec des motifs qui rappellent la forme du crane. A droite sur le ventre du ballon dog, une troisième femme frotte son mont de venus contre la surface lise du métal poli pendant qu’elle soutienne avec ses mains un papillon de nuit qui sort de sa chrysalide. Sa tête se trouve enveloppé avec un scaphandre à la forme d’un poisson des abysses. Finalement, à droite du tableau, un groupe de femmes surgissent de la forêt piégée par la lumière. Sur la surface réflective du ballon dog, le paysage aux alentours se projet comme un étendu de la scène elle-même que nous n’arrivons pas à saisir en tant que spectateurs. Elle nous ouvre un place au milieu de ce champ où une chaise blanche nous est offert pour s’assoir et contempler le tableau à l’intérieur. Cette chaise est la même que j’utilise pour faire une pause et regarder l’avancée du tableau. C’est toujours la place privilégié du peintre qui voit tout sans jamais être vu…

À propos de l'artiste

Peintre figuratif né en Colombie, actuellement je vis et travaille à Bourges depuis 2010.
Dans mon travail chaque peinture demande une nouvelle stratégie pour percer la surface de la toile. Je pars souvent d’une image ou un petit détail qui me permet d’ouvrir et d’élargir ce territoire d’émergence qu’est pour moi le tableau, mais chaque peinture se déroule selon ses propres règles.

Des images trouvées, des prises de vue, des endroits parcourus, des références dans l’histoire de l’art sont souvent mes sources de départ. Ces éléments fixent la toute première intention qui évolue une fois que le processus commence. Le traitement de la couleur et de la lumière me permet de comprendre la vie à l’intérieur du tableau, et ainsi de voir comment il se déploie devant moi, comment il se fracture et montre/cache différents personnages et différentes situations. Je suis fasciné par cette incertitude et ambiguïté constante qui me permet de suivre les multiples lignes qui connectent chaque élément à travers l’acte de peindre.

La figure se donne à deviner: Les hommes / femmes masqués, les créatures hybrides, les animaux et les plantes se fondent dans le décor. Entre assemblages instables et exubérance végétale, le jeu, le déguisement, le camouflage, construisent un environnement suspect. Les «images potentielles» surgissent constamment. Ils nécessitent toujours une participation active de l'acte de regarder afin d'actualiser en permanence ce que nous pensons savoir ou ressentir dans le tableau. Nous nous rendons compte que “nous sommes toujours dans l’équivoque”. Ces stratégies nous invitent à rester dans le tableau, dans l'ensemble comme dans le détail. Ce processus me permet de mettre en relation différents états en transition. Le froid/chaud, le dehors/intérieur, le haut/le bas, la présence/l’absence, la vie/ la mort, etc. Ces états ne se présentent pas seulement comme opposés qui se repoussent, mais plutôt comme une trame, un tissu complexe qui rappelle au vécu du moment et à la mémoire, à ce qu’on saisit pour le raconter, alors que ce qui nous échappe par le langage prend sens dans son dédoublement, à travers la forme et la couleur.
L’acte de peintre érige un archétype hybride, entre animal nocturne et sniper : quand on peint on voit sans jamais être vu. Cette place privilégiée est la promesse d’un pouvoir sur le monde qui s’ouvre devant nous.

L'homme invisible

par Adrian Caicedo
12000€