Description de l'œuvre

Classification : Peinture
Matériaux : peinturhuile, huile-sur-toile
Dimensions : Grand / Portrait
Hauteur (cm) : 130
Largeur (cm) : 195
Longueur (cm) : 3
Nombre d'exemplaires : Unique
Année de création : 2018

Une femme, une fille et un garçon dorment paisiblement sur un gros oreiller aux motifs végétaux et floraux. Autour de la couette débordent deux groupes de serpents qui se mêlent entre eux en permanence. Un énorme papillon surgit à l’arrière de cette ébullition métaphysique. Il s’approche du visage de la jeune fille, le souffle de celle-ci brille délicatement rappelant la chaleur qui habite son corps. La fille est couverte par une couette aux motifs triangulaires qui descend hors du tableau. Autour d’elle, des centaines de papillons de nuit gisent inertes. Cette peinture est un portrait de ma famille. Le première que j’ai réalisé. De temps en temps, je prends des photos de ma femme ou mes enfants pendant leur sommeil nocturne. Je trouve toujours ce moment d’une tendresse et d’une beauté inouïe, mais en même temps d’une ambiguïté effrayante. Le corps dans son repos le plus profond rappelle l’inertie du cadavre. Seule la présence du souffle permet de vérifier que ce corps reste habité pendant le temps du rêve, lors de l’absence de toute conscience. Ce souffle devient le sujet de mon tableau, invisible et inexprimable, il est le témoin de l’âme qui habite ces corps, ces corps qui m’habitent à mon tour avec un profond amour.

À propos de l'artiste

Peintre figuratif né en Colombie, actuellement je vis et travaille à Bourges depuis 2010.
Dans mon travail chaque peinture demande une nouvelle stratégie pour percer la surface de la toile. Je pars souvent d’une image ou un petit détail qui me permet d’ouvrir et d’élargir ce territoire d’émergence qu’est pour moi le tableau, mais chaque peinture se déroule selon ses propres règles.

Des images trouvées, des prises de vue, des endroits parcourus, des références dans l’histoire de l’art sont souvent mes sources de départ. Ces éléments fixent la toute première intention qui évolue une fois que le processus commence. Le traitement de la couleur et de la lumière me permet de comprendre la vie à l’intérieur du tableau, et ainsi de voir comment il se déploie devant moi, comment il se fracture et montre/cache différents personnages et différentes situations. Je suis fasciné par cette incertitude et ambiguïté constante qui me permet de suivre les multiples lignes qui connectent chaque élément à travers l’acte de peindre.

La figure se donne à deviner: Les hommes / femmes masqués, les créatures hybrides, les animaux et les plantes se fondent dans le décor. Entre assemblages instables et exubérance végétale, le jeu, le déguisement, le camouflage, construisent un environnement suspect. Les «images potentielles» surgissent constamment. Ils nécessitent toujours une participation active de l'acte de regarder afin d'actualiser en permanence ce que nous pensons savoir ou ressentir dans le tableau. Nous nous rendons compte que “nous sommes toujours dans l’équivoque”. Ces stratégies nous invitent à rester dans le tableau, dans l'ensemble comme dans le détail. Ce processus me permet de mettre en relation différents états en transition. Le froid/chaud, le dehors/intérieur, le haut/le bas, la présence/l’absence, la vie/ la mort, etc. Ces états ne se présentent pas seulement comme opposés qui se repoussent, mais plutôt comme une trame, un tissu complexe qui rappelle au vécu du moment et à la mémoire, à ce qu’on saisit pour le raconter, alors que ce qui nous échappe par le langage prend sens dans son dédoublement, à travers la forme et la couleur.
L’acte de peintre érige un archétype hybride, entre animal nocturne et sniper : quand on peint on voit sans jamais être vu. Cette place privilégiée est la promesse d’un pouvoir sur le monde qui s’ouvre devant nous.

Le souffle / The breath

par Adrian Caicedo
10000€